
Je viens de voir l'exposition "I am a Man" Retraçant par l'image le combat des noirs américains pour leurs droits et contre le racisme dont ils étaient victimes.
Expo émouvante et qui raisonne dans l'actualité avec le mur de Trump et les rafiots d'immigrés qui cherchent à vivre autre chose que la guerre où la misère. Cela avec un manque de compassion et je dirais même d'humanisme, qui en principe est la fierté de notre civilisation, de la part de beaucoup de nos contemporains. Je vous livre donc le petit texte suivant qui est toxique pour tous les cons racistes qui le liront du moins je l'espère:
ESPAGNOL DE MERDE
Mon papé maternel était un Espagnol de merde. C’est comme ça qu’on disait à l’époque. Pas « immigré » ni « sans papiers » ou « clandestin » non, non, Espagnol de merde ! . Pour les Italiens on disait les macaronis, ça suffisait.
A 14 ans il avait franchi illégalement les Pyrénées pour venir manger le pain des Français. A partir de12 ans il avait travaillé dans une mine puis dans une carrière mais ça devait pas suffire pour le nourrir. Il avait trop d’appétit pour un Espagnol. On sait que les Espagnols sont tous petits, secs et maigres avec des dents de cheval et qu’ils font un festin avec une boîte de sardines. Lui non, il était grand et costaud et mangeait comme un vrai Français, mais il restait un Espagnol de merde. Tout comme ses enfants, et ma maman se crêpait le chignon avec ceux qui l’insultaient.
Mon papé était maçon, il avait épousé une espagnolette, ma grand-mère. Pas une vraie Française ne l’aurait accepté comme époux, une dévergondée peut-être. Et à force d’être traité d’Espagnol de merde, il s’est mis à sentir la merde. Si, si, il faut dire qu’en ce temps là le tout-à-l’égout n’existait pas et que mon papé était appelé chaque fois qu’une fosse septique se bouchait. Là, il y était dedans jusqu’à la ceinture, et les éclaboussures lui collaient au visage. Sentir la merde, c’est pas agréable, mais sentir la merde des autres, c’est pire, d’autant qu’il refaisait aussi les tombeaux et qu’il déplaçait les vieux cercueils tout dégoulinants de pourriture. Aussi ! Il était le seul à vouloir le faire, même les macaronis refusaient. Lui pour nourrir sa femme et ses trois enfants il aurait fait n’importe quoi. C’était bien un Espagnol de merde !
Puis un jour, on a commencé à le regarder de travers, les Allemands menaçaient de venir manger la viande des Français.
On lui a alors proposé de devenir français. On ne parlait pas d’immigration choisie alors, on disait qu’il aurait des devoirs. Justement, ça tombait bien, on venait de déclarer la guerre, et comme la dernière fois ça avait fait beaucoup de morts français, on lui a fait une proposition. S’il partait à la guerre, il deviendrait Français, il pourrait continuer à manger le pain, comme avant, mais sans se faire traiter d’Espagnol de merde. S’il restait, on le traiterait de pétochard et de profiteur d’Espagnol de merde.
Et voilà comment mon grand-père est devenu français, en plus il a eu la bonne idée de ne pas se faire tuer, ni d’être prisonnier. Il n’aurait pas aimé manger le pain des Allemands, puis ma mamé et ses trois enfants, je n’sais pas comment ils auraient fait pour continuer à manger celui des Français.
Maintenant, ses enfants ne sont plus des Espagnols de merde, son fils, mon tonton, milite même au Front National. C’est dire si on est de vrais français, si seulement on n’était pas emmerdé par ces immigrés de merde !
Hexagone 04/06/2019 20:10
KARAK 04/06/2019 20:30
Le Mousquetaire des Mots 10/01/2019 13:56
KARAK 10/01/2019 20:23
eliane roi 06/01/2019 19:00
Céjipé 06/01/2019 14:16
KARAK 06/01/2019 17:30
loulou le filou 06/01/2019 06:55
KARAK 06/01/2019 17:05
eliane roi 05/01/2019 23:10
KARAK 06/01/2019 17:20