Le printemps, c’est l’époque des petites fleurs, des petits oiseaux, des petits papillons et des témoins de Jéhovah. Ils sont au portail en fer (et damnation!) :
-Bonjour !
-Bonjour, vous êtes les témoins de Jéhovah ? (facile la déduction avec leurs tronches de présentateur télé, tu sens de suite qu’ils ont de l’illusion à te vendre !)
-Heu ! oui !
-Vous venez de le rater ! il vient de passer il y a un instant !
Là, j’ai bien senti le malaise ! ce petit truc imperceptible avec un brin d’affolement dans le regard.
-Pardon ?
-Jéhovah, il vient de passer, il vous cherchait, vous êtes ses témoins ! bien habillés comme vous êtes.. (je sais flatter les illuminés, puis de mon coté, je suis fringué en SDF de chez Jardyland ) il va se marier sans doute ?
-Heu ! Non !
-Ah bon ! c’est pour un procès alors ? c’est quand même pas pour un duel ?
-Nous sommes des gens sérieux ! qu’il me dit l’autre naze, le Poulidor de l’extrait biblique, celui qui est en retrait quand le maître cause. Il a une tête qui appelle le désherbant liquide. Il a de la chance que j’ai rangé le pulvérisateur.
-C’est ça! traitez moi de menteur ! vous y croyez ou pas à Jéhovah ? ça c’est une ruse que j’ai mise au point : tu poses deux questions en une phrase, avec des réponses qui doivent être différentes, ça déstabilise.
- Heu ! oui, oui !
- Vous me traitez de menteur !
-Non ! non ! (qu’est-ce que je t’ai dit !)
-Vous ne croyez pas en Jéhovah ! Ah bravo ! Pourtant il vient de passer je vous dit !
Ils ne disent plus rien, se reculent comme si je sentais mauvais (oui, bon n’en rajoute pas, les premières sueurs de printemps chez un vieux, tu connais ! Je fais mon compost moi-même!) et juste à ce moment là un pigeon blanc (on est envahit par ces bestioles) vient se poser sur l’arbre qui abritait notre conversation.
- Tiens ! voilà le Saint Esprit maintenant !
Les témoins se sont évaporés rapido, ils m’ont pris pour un demeuré ! L’oiseau , l’arbre et moi avons éclaté de rire si fort que même Nougaro a du nous entendre..