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30 avril 2021 5 30 /04 /avril /2021 16:27

img781.jpgLorsque j'étais enfant, ça remonte au millénaire précédent quand même, le port de la blouse  était obligatoire à l'école. Grise pour les garçons, rose ou bleue pour les filles et surtout à la charge des parents. Pour les intellos c'était, soi-disant, un moyen de masquer les inégalités sociales. C'est vrai qu'à cette époque, les enfants de condition modeste, dont j'étais, portaient des vêtements tout "pétassés" c'est à dire rapiécés. Pour les pragmatiques, c'est à dire bon nombre de maman, c'était surtout pratique pour éviter les taches et les accros  sur les habits. Autant te dire que j'ai toujours été du coté des pragmatiques. En effet, les familles qui en avaient les moyens achetaient de belles blouses à leurs enfants, deux par an, portées en alternance.. Faut dire qu'avec l'encrier sur le bureau et le porte plume toujours prêt à te dégueuler sa cargaison d' encre violette dessus, ou avec l'essuyage furtif de la main blanchie de craie, c'était pas vraiment un luxe. Pour moi c'était une blouse rustique, rêche, d'un gris mauvais et de trois fois ma taille, avec des ourlets comac pour quelle me fasse plusieurs années. Pour savoir l'âge de la blouse, tu n'avais qu'a compter la trace des ourlets défaits, un peu comme avec les cernes pour les arbres coupés. Et encore, comme on la repassait à nos jeunes frères, l'ourlet remonté pouvait induire en erreur. On ne la quittait que le soir pour aller au lit. A la sortie de l'école elle montait aux arbres ou jouait au foot avec nous, inutile de te dire qu'elle ressemblait plus à un patchwork qu'à une toile de Soulages (un peu de culture ne peut pas te faire de mal). Bref j'enfilais ça comme une cote de maille.  Avec nos blouses sombres et leur manque d'élégance, nous gagnions le surnom de "marchand d'huile", référence au commerçant qui passait dans le village avec sa camionnette et sa blouse pleine de bougnettes (tâches) d'huile. Mais même sans cela,  la discrimination sociale sautait aux yeux! Les belles blouses appartenaient au beau linge (le sens des mots quand même) : les bourgeois et les espèces de pelures rafistolées aux enfants de celles qui lavaient le linge des dit bourgeois. La boucle était bouclée. Mais même si la blouse avait été irréprochable, des dizaines d'indices  t'aidaient à savoir à qui tu avais à faire: La coupe de cheveux, version bol ou taille haie, les chaussettes (a cette époque, été comme hivers, c'était le règne des pantalons courts.) en laine tricotées par nos mamans, avec des élastiques qui te garrottaient la circulation sanguine,  ou qui trop lâches te transformaient les guibolles en tire bouchons, et enfin les chaussures, des godillots qui te lestaient bien en cas de coup de Mistral. Sans compter la cape, la pèlerine épaisse et lourde comme un char russe mouillé. Y avait  pas photo, mais on s'en caguait! La pauvreté n'est pas la misère et ne nous empêchait pas d'être fiers de notre condition. Nous n'avions pas besoins de jouets onéreux, avec un bout de ficelle, un sillon  on fabriquait un arc, avec des roseaux des flèches et des épées, un vieux couvercle de poubelle nous servait de bouclier, et fallait pas s'amuser à se mettre en travers de notre chemin. Le monde nous appartenait. Nos blouses grises  festonnées d' accros et de pétas, flottaient comme des étendards flamboyants dans le vent de l'histoire..

Allez Marcel, mets moi un coup de Marseillaise..   

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commentaires

L
Le pire, c'étaient les pensionnats (religieux faut-il le préciser) où tout le monde devait avoir la même vêture, sans doute pour qu'on ne sache pas qui était qui, ni à quelle classe sociale il appartenait. Un égalitarisme vestimentaire qui n’empêchait en rien les quolibets entre gamins, surtout le parler de l'un ne correspondait pas à celui de l'autre (le patois était courant).
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K
Là je veux bien te croire, les plus anticléricaux que j’ai connus avaient tous goûté aux pensionnats religieux
M
Etant une fille, je n'ai pas les mêmes souvenirs que toi.<br /> A part les blouses bleues ou roses à alterner obligatoirement chaque semaine (pour montrer qu'elles étaient bien lavées) et on n'avait pas intérêt à les salir, sinon, gare!<br /> On avait des jupes hiver comme été et des chaussettes à l'élastique trop serré qui faisait des marques (comme pour toi) et les genoux rouges vif par temps de gel...
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K
Les cuisses marbrées, les chaussures humides et gelées, les fers à repasser chauds enroulés dans du papier journal et fourré dans le lit et des gens qui disent que c’était mieux avant
C
Salut p'tit Gibus occitanien...Ici c'est grand Gibus parisien...chez moi la campagne c'était la "zone" et ses friches les moutons les chèvres et les gitans...à l'école publique, nous les "zonards" étions plus nombreux que les fils de commerçants (parfois certains rentraient à la maison sans leurs pompes et leurs belles "chaussettes italiennes, histoire de pratiquer l'égalité en oubliant un peu la fraternité !) Mais, putain, qu'est ce qu'on se marrait ...
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K
Chez nous le foot unissait tous les enfants, ceux de la laïque et ceux de la calotte, au grand désespoir du curé qui sentait bien qu’on les contaminait. Ils apprenaient les gros mots, à se moucher dans les doigts à peter en public et surtout à s’esclaffer de rire..
L
Pareil, à part la coupe de cheveux, mon grand- père, père et oncle étaient coiffeurs, alors j'étais privilégié.
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K
Moi, j'allais me les faire couper à.... la prison (je raconterai ça, j'ai déjà raconté en fait)....

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