Reconnaissance du lien avec le travail d’un suicide à France Télécom.

lundi 11 avril 2011, par Philippe Crottet

La crise sociale de France Télécom a été révélée durant l’été 2009 où la spirale de suicides a mis sous le feu médiatique la direction de l’époque.

A Besançon, le suicide d’un jeune salarié de droit privé en août 2009, avait déclenché immédiatement un mouvement de grève de ses collègues. Ce suicide intervenait au moment même où était rendue publique une enquête du CHSCT local mettant en question l’augmentation de la charge de travail des techniciens et la souffrance au travail consécutive aux nombreuses restructurations locales.

L’affaire avait été classée au niveau judiciaire, jusqu’à ce que l’inspection du travail de Besançon rédige un rapport qui concluait au lien de ce suicide avec le travail : France Télécom n’avait pas pris les mesures de prévention des risques psychosociaux nécessaires, à la suite de précédentes enquêtes. Ce rapport a été transmis en février 2010 au Parquet du TGI de Besançon qui ouvrira une instruction pour « homicide involontaire par imprudence ».

Fin mars, le comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles de Besançon, a classé ce suicide en « maladie professionnelle ». La fédération SUD est satisfaite de cette décision , même si elle fait suite à un refus de classer ce suicide en « accident du travail », comme le préconisait l’inspection du travail.

C’est en tout cas un premier pas pour que les familles des victimes puissent maintenant prétendre à des décisions favorables. En l’occurrence, il est possible maintenant que la famille engage une procédure pour « faute inexcusable » de l’employeur.

Au moins trois autres suicides de fonctionnaires de France Télécom ont été reconnus en « accident de service ».

La fédération SUD a déposé une plainte au pénal enregistrée en mars 2010 contre la direction de France Télécom, pour « harcèlement moral » et « mise en danger de la vie d’autrui ». L’instruction de cette affaire suit son cours et l’affaire de Besançon, ainsi que des plaintes individuelles, ont été regroupées au niveau national. La reconnaissance en « maladie professionnelle » du suicide de ce technicien de Besançon, est une confirmation supplémentaire des responsabilités de France Télécom dans la mise en place d’un système de management brutal qui a conduit de nombreux salarié-es à des gestes suicidaires.

Pour la fédération SUD, l’instruction judiciaire en cours devra évidemment en tenir compte.

Comments

[Le Mousquetaire des Mots]

FT n'est pas la seule entreprise qui agisse ainsi. Il n'y a guère que dans les PME où le respect de l'individu existe encore. A condition que ces entreprises n'atteignent pas un chiffre
de plus de 50 salariés.Plus c'est gros, moins on connaît les employés. D'où ces malaises grandissants.


Pour en revenir à FT, où l'état est actionnaire, cette entreprise ne fait jamais qu'appliquer ce que l'état aujourd'hui impose à la fonction publique. Autant dire q'un jour on entendra
enfin parler des suicides pour harcèlement dans la FP (ils sont réels et se passent sur le lieu de travail, tout un symbole).

[Mamanie]

Est-ce normal ? Quand je vais sur  "résiston" les photos n'apparaissent pas... Tu sais pourquoi ?

[ppcaillou]

par contre chez ceux de FT qui en réchappent, il y a des dégats, il y en a qui peuvent même finir dessinateurs... c'est 'ach'ment grave ...

[BMB]

je crains que cela ne se calme que le jour ou l'on porra attaquer les actionnaires pour recel.

[Ysope]

Bien vu !!!

[kinou31-36 :0059:]

C'est une bonne chose. Pas facile le suicide d'un proche car il y a toujours un sentiment de culpabilité pour la famille...Même si ça ne ramène pas les morts, c'est un poids de moins malgré les
drames.