Travail ! Famille ! Patrie ! C’était ma devise de con, mais l’armée m’avait rejeté, et du coup ma famille aussi. Je ne serais pas le général De Gaulle au grand désespoir de mon père, et je ne ramènerais pas de caisses de bières, se lamentait ma mère, la gorge sèche. Alors il me restait le Travail. Du travail quand tu es très con, tu en as pas, pourtant du travail con c'est pas ce qui manque, mais voilà, il faut des diplômes. Et pas de diplôme à la con, parce que là j'aurais pu montrer mon bon gros CV (Con Véritable). J’ai fait n’importe quoi, j’ai vendu des andouilles virtuelles à Vire, je me suis fait virer, de l’eau bénite de contrebande à Lourdes, je me suis fait lourder, de la porcelaine à tricoter à Limoges, je me suis fait limoger, et à Chartres, j’ai pas voulu y aller… Je suis rentré dans une grande boîte, « l’Agrume» ça s’appelle, et là j’ai commencé au bas de l'échelle. Quand tu es con, tu es toujours au bas de l'échelle, comme ça si un marteau tombe, y a moins de dégâts pour la boite, sauf ta crânienne. Mais les cons aiment péter plus haut que leur QI, tu le sais bien, et c'est pour ça que j'ai voulu monter à l'échelle. Puis j'ai voulu prendre l'ascenseur social, ça allait plus vite. Alors j'ai dénoncé ces cons de syndicalistes, j’ai eu de la promo, puis j’ai dénoncé les femmes qui arrivaient en retard, encore promo, puis ceux qui toussaient, buvaient ou faisaient les marioles. J’ai tellement balancé, qu’ils m’ont nommé DRH. ils voulaient du 109, j’ai pas compris pourquoi mais j’ai licencié 109 personnes. Pour la 110eme lettre de licenciement, j’avais laissé le nom en blanc . C’est le mien qu’ils ont écrit ! Et à ce moment là, j’ai compris que je ne m'étais pas enrichi, mais que j'avais pris du poids, en quelque sorte, j'était devenu un gros con! .. A suivre