Je veux me marier, mais réussir mon mariage pour qu’il dure toujours, difficile quand on voit les désastres des mariages traditionnels. Divorces, bien sûr, mais aussi soumissions, concessions, quand on n’en arrive pas aux coups et aux meurtres. Il faut énormément d’amour pour réussir son mariage. C’est pour cela que j’ai décidé de me marier avec la personne que j’aime le plus au monde : moi-même. Je suis trader et l’amour qu’on me porte est trop lié à mon compte en banque.
Je suis donc allé à la mairie en disant que je voulais me marier mais que mon mariage était un peu spécial.
-On marie même les homosexuels, me dit la bonne dame de la réception, comme si elle me parlait d’extraterrestres.
-Moi, c’est différent, je veux me marier avec moi-même.
Après un blanc qui dura un certain temps, elle me dit que c’était impossible, que pour le mariage il fallait être deux. Comme j’insistais elle allât chercher son supérieur. L’homme arriva avec un sourire crispé de croquemort. Mais ce fut la même musique, il fallait être deux pour se marier.
-Mais nous sommes multiple cher Monsieur, lui répondis-je. Comme docteur Jekill et Mister Hide.
Je l’abandonnais à ses réflexions métaphysiques et j’allais à l’église. J’y trouverai le père Benoit qui était un ami de la famille qui avait, avec beaucoup d’émotion, célébré la messe pour l’enterrement de ma mère. Je lui fis part de mes intentions.
-Mais mon fils vous n’y pensez pas, ce serait un sacrilège.
-Mon père, y a-t-il une loi sacrée qui l’interdise ?
-Heu…
-Et en parlant de sacrilège, mon père, lorsque qu’une sœur prononce ses vœux, on dit bien qu’elle se marie avec Jésus ! Alors Jésus est polygame.
-Mon fils ce serait mensonge que de vouloir unir une personne à elle-même.
-Mensonge ? Depuis le début de notre entretient je vous appelle mon père et vous, mon fils, vous n’avez quand même pas couché avec ma mère !
Le père Benoit se mit à rougir comme la robe de son cardinal..
-Oh ! Mon Dieu, vous êtes mon père ?
Il baissa la tête. Comme une personne arrivait dans l’église, je lui fis signe de se rendre au confessionnal. Mais je pris la place assise et cachée, ne lui laissant pas le choix. Je l’interrogeais :
-Mon père vous avez péché.
Il récitait l’acte de contrition
-Papa c’est bon ! En fait tu as fait ce que dieu à fait à Joseph. Ta pénitence sera de me marier.
-Mais l’église me bannira !
-Penses-tu, ils n’excluent même pas les prêtres pédophiles… Puis ne t’inquiète pas, je peux subvenir à tes besoins, qui sont modestes. Allez, on prend rendez-vous.
Ce fut un très beau mariage, l’église était pleine comme un œuf d’autruche. Pas d’amis, je n’en ai pas, c’est le métier qui veut ça, et moi aussi d’ailleurs. Mais des curieux et surtout toute la presse locale, régionale, internationale. C’est ce que je voulais, ma bobine au 20h et dans tous les journaux. Ça va me lancer pour être influenceur. « Aimez-vous avant les autres » va être le titre de mon site. Ma main droite a passé l’alliance à ma main gauche et vice versa, puis elles se sont étreintes. J’en éprouvais un plaisir démesuré.
Quant à mon père curé, l’église avait réagi violemment, mais lorsqu’elle reçut des milliers de demandes en mariage-solo, comme disaient les journalistes, elle mit un frein à ses menaces de sanctions. Business is business comme on dit chez les traders.