C’est quoi ces têtes d’enterrement ? Ah oui ! Merde ! Je suis mort ! Mais ne pleurez pas, j’avais bien précisé « ni pleurs, ni couronne » même d’épines. Ne pleurez-pas sur mon cercueil, il est en carton, ça risque de ralentir la combustion. En fait c’est plutôt moi qui la ralentirai, c’est vrai quoi, nous sommes fait à 80% d’eau. Ce n’est pas écolo de faire bruler du bois encore vert, alors de l’humain pas sec, je vous dis pas ! On devrait faire sécher les cadavres avant de les brûler, C’est vrai qu’on aurait tendance à pourrir, même si certains n’ont pas attendu d’être morts. Je vais donc partir en fumée et vapeur d’eau-de-là. Restera mes cendres, vous n’allez pas pleurer pour des cendres ? J’avais bien pensé faire comme dans le film « Captain Fantastic » et vous demander de les balancer dans les chiottes puis tirer la chasse, mais il n’y aurait pas eu de la place pour tous. Non, jetez-moi dans le compost, même si c’est bourré d’asticots j’y serais à l’aise, si, si. Je sais que vous rependrez le résultat au pied du cerisier. Et là, vous me connaissez, je me glisserai jusqu’aux racines, j’y pénétrerai pour remonter au printemps avec la sève, je me faufilerai vers les fruits pour sentir des petites mains délicates cueillir ces perles rouges de bonheur… et se les accrocher aux oreilles.