Tout le monde tire sa révérence à Levi Strauss l’ anthropologue, l’ethnologue et le philosophe qu’il fut. Mais, modestement je pense avoir fait aussi fort que lui. Oh, je n’ai pas traversé les océans, exploré des contrées sauvages au fin fond d’une jungle, j’ai l’exploration durable moi, sans émission de CO2. J’ai mis les pieds là où aucun homme ne les mets. J’ai pris des risques inconsidérés, c’est vrai, j’ai osé le non avouable, j’ai bravé les tabous, les signes indiens, les poupées vaudou (ah ! oui ! quand même !) . Et cette aventure extraordinaire, fantastiquement fantasmagorique, je l’ai consignée de ma main tremblante sur un petit carnet noir et je vais te la raconter par le menu. Aujourd’hui, je l’ai fait, j’ai poussé la porte du magasin Damart, et je me suis senti, dés l’entrée, en territoire hostile. Tout les regards se sont tournés vers moi, les bavardages ont cessé net. Comme j’étais un peu gauche dans ma démarche, sans me rassurer une vielle femme me dit « faut prendre un ticket ! ». Je compris alors pourquoi il y avait autant de sièges dans l’assemblée. En fait, j’étais le seul mâle de l’assistance, une assistance essentiellement composée de vieilles squaw. Je pense que j’assistais à une sorte de Pow Wow entre plusieurs tribus. Elles se différenciaient par la couleur de leur chevelure, il y avait la tribu des gris violine, celle des gris orange, et celle des gris blanc. Les visages burinés portaient des couleurs de paix, en couches épaisses et luisantes. Les vêtements aussi étaient caractéristiques, une épaisse serge (mais non pas toi couillon ! le tissu !) toujours dans les gris, gris marron, gris vert, gris bleu et même gris-gris (pour l’Afrique). La dernière fois que j’avais vu ce tissu c’était au Kremlin, pour la fête du premier mai, à la tribune du Kominterm. J’en vins à me poser la question : les ruscoffs ne profiteraient-ils pas de l’aubaine pour se débarrasser de leurs stocks de la seconde guerre mondiale ? (Tu le sauras en lisant la suite)